Tandis que la France entre dans sa deuxième phase de déconfinement, la peur, l’espoir, mais aussi l’incertitude demeurent.
Emplois, défaillances, télétravail, digitalisation… chacun s’interroge sur les conséquences qu’aura cette crise du coronavirus sur l’économie de notre pays.
Les plus faibles partiront les premiers
« Il est fort probable que de nombreuses entreprises ne vont pas survivre à cette crise économique, selon Marie-Charlotte, consultante en credit mangement et recouvrement. Toutes celles qui étaient en difficultés avant la crise ne se relèveront pas. »
En effet, si l’on passe en revue la série de redressements judiciaires qui a frappé certaines enseignes françaises parmi les plus fameuses ces deux derniers mois, on se rend compte que nombre d’entre elles n’affichaient pas une santé financière étincelante avant que la crise n’éclate. Les plus fragiles tombent toujours les premiers.
D’autre part, « les données publiées montrent que les prêts bancaires ne sont accordés qu’aux entreprises qui présentaient avant l’épisode covid-19 de bons ratios financiers. Pour les autres, les refus de prêts bancaires ne font que fragiliser de façon brutale leur activité. Il y aura un gros écrémage économique, des liquidations judiciaires en cascade, qui pèseront sur la trésorerie des entreprises qui resteront en activité », précise Marie-Charlotte.
Le cercle vicieux de l’endettement
« Sans compter les reports des charges [et autres délais accordés] qui viendront s’ajouter à la perte du chiffre d’affaires et donc engendrer des dettes ! ajoute Fatima SAHNOUNE, gérante de Juris Sententia. Les impayés s’accroîtront, mais la question est de savoir si les débiteurs auront les moyens de payer… »
Un endettement massif des entreprises qui conduira probablement à une augmentation des procédures de licenciements économiques et par ricochet, du nombre de personnes au chômage, ajoute Johanna PHILOGENE, chargée de recouvrement.
La question alors sera de savoir si les personnes laissées sur le carreau auront la capacité de rebondir, ce qui impliquera parfois de se reconvertir professionnellement ou de changer de région pour retrouver un emploi. Un défi réalisable pour les plus jeunes et les multicartes, mais malheureusement compliqué pour les familles et les salariés ayant travaillé toute leur vie pour le même employeur.
Vers une digitalisation massive de l’économie ?

Des changements radicaux et profonds que devront opérer autant les travailleurs à titre individuel que les entreprises. Changements qui passeront inéluctablement par une digitalisation massive des activités. Malheureusement, certaines entreprises ne se sont pas préparées à cela et se sont montrées bien incapables de faire face à cette crise, constate Johanna PHILOGENE.
La digitalisation de nombreux process internes, favorisée par la crise, permettra une réduction des coûts fixes, plus de mobilité pour les collaborateurs et un petit pas de plus pour l’écologie. Des avantages non négligeables, comme le souligne Marie-Charlotte.
Les moyens digitaux, qui ont pris (et prendront encore) de l’importance vont transformer notre façon de travailler, assure Fatima SAHNOUNE. « L’économie est à l’arrêt, c’est un fait. Mais derrière chaque crise, il y a des opportunités, certains vont se réinventer et s’adapter (livraison, travail en visio …), d’autres subiront de plein fouet le coronavirus et ne s’en relèveront pas. »
Télétravail : vers une nouvelle normalité ?

Autre point positif de cette crise, le télétravail, qui pourra, d’après Marie-Charlotte, être plus plébiscité, « d’autant que les entreprises peuvent réaliser des économies en réduisant leurs surfaces et que de nombreux salariés y trouvent un certain confort. »
En effet, même si le confinement est déjà derrière nous, une large part des salariés du tertiaire ne retrouvera pas son bureau et ses collègues à temps-plein avant la rentrée.
Et certains sont loin de s’en plaindre, notamment ceux qui font l’économie de 2 heures de transports par jour depuis qu’ils se sont mis au télétravail, sans parler de la possibilité de s’occuper de ses enfants ou d’organiser son emploi du temps plus ou moins à sa guise.
Une forme de liberté acquise contre leur volonté qui pourrait bien se transformer en nouvelle réalité, à condition que les entreprises acceptent de jouer le jeu.
La prévention contre les impayés au cœur de la stratégie des entreprises
Si cette crise a engendré une explosion des factures impayées et pris de court bon nombre de sociétés, « nous pouvons espérer positivement [qu’elle] fera prendre conscience aux dirigeants de la nécessité absolue d’instaurer une politique de gestion du poste client. Le crédit manager doit devenir un véritable pilier stratégique de l’entreprise, pour optimiser et sécuriser le cash », ajoute Marie-Charlotte.
Un mal pour un bien…
Enfin, plus globalement, et pour parler de la fameuse destruction créatrice, on peut imaginer que cette crise permettra un retour à la raison concernant nos modes de consommation et qu’à nouveau les produit locaux seront privilégiés, espère Johanna PHILOGENE, qui prédit aussi la naissance de nouvelles entreprises pour répondre aux nouveaux besoins qui ont vu le jour.

Fatima SAHNOUNE
Gérante
Juris Sententia, spécialiste du recouvrement
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Johanna PHILOGENE
Chargée de recouvrement
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