Branson, l’entrepreneur hors norme
Richard Branson est l’entrepreneur le plus populaire de toute la Grande-Bretagne. Réputé pour ses frasques, son autodérision, son aversion au défi et son goût immodéré pour se travestir, il est l’antithèse du grand patron anglais du 20èmesiècle.
Le grand patron est austère, Branson a toujours le sourire aux lèvres.
Le grand patron porte un costume trois pièces, Branson de vieux pulls multicolores tricotés main.
Le grand patron ne fréquente pas ses employés, Branson les invite à se bourrer la gueule sur son île privée dans les Îles Vierges Britanniques.
Le grand patron paye des millions pour avoir un encart publicitaire dans la presse, Branson se fout en porte-jarretelle ivre mort et entame un striptease en plein restaurant, s’assurant une couverture médiatique impressionnante sans avoir dépensé la moindre livre sterling.
Le grand patron prospère dans un secteur qu’il connait par cœur, Branson attaque de front les monopoles sans avoir accumulé la moindre expertise dans le domaine qu’il investit.
Quand les majors de l’industrie musicale envoyaient chier les Sex Pistols par peur que leur musique punk et provoc’ ne nuise à leur image, le patron de Virgin les signait sur son label et décrochait le pactole.
Richard Branson n’a peur de rien, et sûrement pas du ridicule.
Richard Branson se fout de ce que vous pensez.
Richard Branson a 10 ans d’avance sur tout le monde.
De sa vie d’entrepreneur, nous pouvons tirer quelques leçons. Disons plutôt, quelques conseils, quelques pistes pour se démarquer des autres et réussir dans ce que nous entreprenons.
Conseil n°1 : S’attaquer à plus gros que vous

Richard Branson le répète sans cesse : faites de votre entreprise une croisade.
Hissez le drapeau de pirate, n’ayez aucun respect pour les figures de l’autorité, prenez plaisir à irriter et ne perdez jamais le sens du divertissement.
Choisissez vos combats et frappez là où ça fait mal. Appliquez une tactique de guérilla contre un rival plus gros que vous.
C’est ce que le patron de Virgin a fait toute sa vie. Car au cas où vous ne le sauriez pas, le groupe Virgin ne se limite pas à un label musical et au Virgin Mégastore. Il est présent dans une centaine de secteurs : aviation, train, finance, hôtellerie, téléphonie mobile, robes de mariée, boissons non alcoolisées, édition, salles de gym…
Et à chaque fois que Branson s’est attaqué à une nouvelle activité, il a toujours usé de la même stratégie. Les niches, il s’en carre ! Lui, il pénètre les marchés ultra-saturés et défonce tout sur son passage.
Quand il a voulu débarquer dans le business de l’aviation, il n’avait ni le budget, ni l’expertise pour concurrencer le moins du monde les leaders établis du marché britannique (United et British Airways).
Est-ce que ça lui a posé un problème ? Non, rien à foutre !
Il a acheté son premier Boeing d’occasion a un prix en dessous du marché grâce à un montage financier rocambolesque et à même réussi à convaincre le vendeur de le lui racheter quelques années plus tard au prix du marché s’il n’en avait plus l’utilité (sous-entendu, peut-être plus cher que le prix auquel il lui avait cédé !).
Pour la pub, pas de souci. Branson n’est pas le genre à débourser des millions de livres pour afficher sa marque dans la presse britannique. Au lieu de s’acheter un encart publicitaire dans le Times, le patron de Virgin a convoqué les journalistes à l’aéroport londonien de Heathrow où il a recouvert de ses couleurs un exemplaire du Concorde qu’exposait son rival, British Airways. Et pour un peu plus de fun, il était vêtu d’un casque d’aviateur datant du début du 20ème siècle. Une nouvelle fois, banco ! Il a réussi à moindre frais à faire la une de toute la presse anglaise.
Conseil n°2 : Faites-vous remarquer

Ne pensez pas qu’à l’argent, votre histoire va bien au-delà de ça.
Donnez la priorité aux gens : donnez la priorité aux clients et aux employés (il la bâti la marque Virgin sur ce principe).
Gérez vos activités en mélangeant travail et plaisir.
N’imitez pas, innovez. Secouez les marchés convoités et secouez l’establishment de manière générale.

Ses concurrents le savent mieux que quiconque : les secteurs auxquelles s’attaquent Branson en sortent rarement indemne.
Quand Richard Branson a voulu lancer sa propre marque de boisson gazeuse, il n’a pas cherché à dénicher la boisson miracle. Non, il a lancé Virgin Cola et s’est attaqué de plein front à Pepsi et Coca Cola. Et pour le lancement de son cola, il n’a pas hésité à se rendre à New-York, dans le fief des deux leaders.
Branson a fait construire un mur en canettes de Coca Cola en plein Times Square et l’a défoncé à l’aide… d’un char d’assaut, qu’il pilotait lui-même !
Le message était clair : j’arrive, et je vous emmerde !
Malheureusement pour lui, ça ne marche pas à tous les coups et Virgin Cola fut un échec retentissant. Mais qu’importe : il fait parler de lui et de son groupe et rebondit toujours.
Conseil n°3 : Amusez-vous en travaillant

Pour Branson, le travail doit être amusant, ce qui constitue le meilleur moyen de retenir et stimuler les employés. Certains de ses employés que des concurrents voulaient débaucher pour le double de leur salaire ont refusé l’offre car ils s’éclataient trop chez Virgin, et préféraient gagner moins que de s’emmerder dans une boîte trop classique et pépère.
Libérez les employés pour libérer leur créativité.
Encouragez une atmosphère informelle.
Faites de votre entreprise une aventure.
Branson a instauré une politique de RH bien particulière. L’un de ses mesures, peut-être inédite pour un groupe qui compte un effectif de plus de 50 000 personnes, permet à n’importe quel salarié sur le point de se faire licencier par son manager, de « faire appel » à Richard Branson, s’il estime la mesure injustifiée. Une sorte de demande de grâce, un arbitrage de la dernière chance.
Si vous connaissez un PDG du CAC 40 qui applique la même procédure, faites-moi signe !
Conseil n° 4 : Surveillez votre marque

Prenez soin de votre marque, et elle durera.
Une bonne marque peut aller partout, elle est élastique à l’infini, tant que son intégrité n’est pas compromise.
Les règles sont faites pour être transgressées : si vous décelez une opportunité de marché, ne laissez pas un détail tel que votre manque d’expérience vous empêcher de la saisir.
Et surtout, n’oubliez pas d’ajouter une pincée d’amusement, d’audace et d’humour dans ce que vous faites.
Quand on a suggéré à Branson de créer une filiale dans la finance et les plans d’épargne retraite, ce dernier a sauté sur l’idée, alors même qu’il n’y connaissait rien et n’avait aucune légitimité face aux barons de la City qui dominait un marché très compétitif.
Qu’importe, Branson a découvert que les banques, les courtiers et les fonds d’investissement en place pompaient un maximum de frais annexes à leurs clients, sans que cela soit justifié.
Alors, il s’est entouré de pro de la finance et a lancé ses offres à des prix défiant toute concurrence. Les classes moyennes ont accouru et Virgin s’est assuré une place au soleil.
Conseil n° 5 : Souriez, vous êtes filmés

Comprenez ce que veulent les médias et donnez-leur.
Alors que les grosses entreprises claquent des millions pour des encarts publicitaires dans les journaux ou à la télé, lui, génère des tonnes d’articles gratuitement. Branson fabrique un produit bien plus précieux qu’une simple réclame : l’actualité, comme en 1987, quand il traverse l’Atlantique en montgolfière et bat le précédent record établi.
Il s’attaque ensuite au Pacifique, puis entame un tour du monde qui se terminera par un échec.
Mais peu importe, l’objectif est toujours atteint : faire parler de lui et de Virgin de façon originale.
Durant l’une de ses expéditions en montgolfière, il distribue la liste des coordonnées de tous les journalistes britanniques à ses collaborateurs, réunis au QG de Virgin, et leur demande de les appeler un par un pour leur proposer une interview en direct, depuis les airs.
Un peu ennuyé de répéter toujours les mêmes choses aux journalistes, il entend l’un de ses amis présent avec lui sur la montgolfière lui dire :
« T’as pas vu la baleine ? »
« Quelle baleine ? »
Il n’y a jamais eu de baleine, mais aussitôt, Branson saisit la perche et raconte l’anecdote imaginaire aux journalistes qu’il prend au téléphone, en y ajoutant un petit détail de son cru.
Au final, le PDG de Virgin fait les gros titres :
« La montgolfière de Branson a presque été percutée par une baleine. »
Conseil n° 6 : Adoptez une bonne stratégie en termes de recouvrement de créances

OK, j’avoue, celle-là ne sort pas de la bouche de Richard Branson, mais de la mienne.
OK, ce conseil est moins fun qu’un tour du monde en montgolfière ou une initiation à la conduite de tank dans les rues de Manhattan, mais il est pourtant primordial.
Si vos clients ne vous payent pas, vous avez travaillé pour rien.
Si vous travaillez pour rien, vous êtes démotivés.
Si vous êtes démotivés, vous faites des erreurs.
Et ces erreurs entraînent d’autres impayés, et ainsi de suite jusqu’à ce que votre trésorerie rende l’âme.
Alors, je ne sais pas si Richard Branson et Virgin ont des impayés, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il vous aurait conseillé de rejoindre ma liste de contacts privés.
Je vous enverrai par e-mail des conseils, des astuces et des articles qui vous permettront de faire passer à la caisse les mauvais payeurs et de renflouer votre trésorerie.
C’est gratuit, et ça peut rapporter gros :

A moins que vous ne préfériez continuer à bosser pour peanuts…
C’est vous qui voyez…
P.S : J’ai écris cet article suite à la lecture du livre :
Richard Branson – 10 Leçons à contre-courant pour réussir de Des Dearlove
